1.3 – Les établissements municipaux à l’étroit et un patrimoine en danger

Le conservatoire Élie Dupont

Les travaux engagés après l’incendie du conservatoire en 2006 avaient permis d’en doubler la superficie et de mettre à disposition des professeurs et de leurs élèves des locaux de qualité pour la pratique de la musique, de la danse et du théâtre. Aujourd’hui, l’école enregistre près de 600 inscriptions tous les ans. Encourageant la pratique collective dans le domaine de la musique, le conservatoire permet le renouvellement constant des différents ensembles musicaux à caractère associatif : l’Harmonie municipale, l’Orchestre symphonique, Ariolica, Vol’ut, etc. Sortant de ses murs, le conservatoire met également ses compétences au service des écoles maternelles et primaires. En effet, afin d’assister les enseignants dans leurs activités de découverte et d’initiation à la pratique musicale, le conservatoire met à leur disposition une intervenante à raison de 420 heures annuelles. Mais c’est sans doute l’influence positive du Conservatoire à travers l’opération « Orchestre à l’école » qui devrait être amplifiée.

L’orchestre à l’école bonifie les résultats scolaires
En partenariat avec des enseignants d’une école primaire, quatre professeurs du Conservatoire dispensent aux élèves volontaires des cours d’instruments (trompette, percussions, etc.) sur le temps scolaire à raison de deux séances par semaine. Les instruments sont prêtés et l’orchestre ainsi constitué se produit en fin d’année lors d’une manifestation publique. En définitif, outre la découverte de la musique, les enseignants font aussi part, pour les élèves participants, d’une nette amélioration des résultats scolaires. Devant un tel résultat, pourquoi réserver ce dispositif à une seule classe d’une seule école tous les deux ans ?

Aujourd’hui, le Conservatoire, dont le rayonnement dépasse la seule commune de Pontarlier, est à l’étroit et ne sera pas en mesure de répondre aux sollicitations d’une population en augmentation telle qu’elle est envisagée dans le projet de Plan Local d’Urbanisme Intercommunal en cours d’élaboration. Faudra-t-il en arriver à en réduire l’accès aux personnes adultes qui y trouvent l’occasion d’une pratique musicale « pour le plaisir » au profit des enseignements visant des certifications et des diplômes ? Sans extension du Conservatoire, c’est ce qui pourrait bien arriver.


L’arlésienne médiathèque

Sans cesse annoncée, toujours repoussée, la nouvelle médiathèque ne verra le jour qu’une fois que le centre nautique sera réalisé, les finances de la CCGP ne permettant pas la conduite des deux projets en même temps. Cela se produit alors que la Ville aurait eu la possibilité d’en inscrire la réalisation dans son propre budget il y a dix ans plutôt que de vouloir absolument transférer ce dossier à la Communauté de communes aux finances exsangues. De plus, on s’est obstiné à vouloir l’installer à la place de la Maison Chevalier, dont on voulait la démolition. C’est ainsi que, le 8 décembre 2010, le conseil municipal de Pontarlier actait finalement le projet d’une médiathèque en rez-de-chaussée d’un nouvel immeuble, c’est-à-dire après avoir rasé la maison Chevalier, « point d’orgue de l’évolution de l’offre culturelle à Pontarlier » selon les dires du maire et confirmant la volonté affichée dans la Presse pontissalienne de novembre de la même année (voir image ci-dessous). En définitif, le projet se trouvant aujourd’hui dans l’impasse, il a fallu réinvestir plusieurs centaines de milliers d’euros pour rendre les locaux de la mediathéque actuelle plus fonctionnels et surtout plus accueillants. Un pis-aller en attendant !

presse pontissalienne novembre 2010
Extrait de la Presse pontissalienne de novembre 2010


Le musée sans perspective d’avenir

Contraint d’accueillir les 988 pièces de la collection d’armes du Château de Joux en grand danger de conservation, depuis 2015 le musée est amputé de deux salles où ces œuvres sont restaurées et stockées, sans toutefois être visibles par le public. On devine bien les limites que cela impose au personnel, pourtant très actif et inventif, pour rendre vivant et attractif le musée.
Cette situation n’aide pas à la redéfinition d’une nouvelle muséographie, intégrant notamment les éléments de patrimoine cachés, dont nous donnerons les exemples ci-après, certains étant certainement en grand danger. D’autre part, les œuvres achetées par la Ville, dont la dotation budgétaire équivalente en moyenne à moins de 3 500&nbsp:€ par an depuis 2014, ne risquent pas d’encombrer les réserves, où d’autres œuvres dorment déjà.

Des oeuvres cachées
Depuis décembre 2016, 75 peintures d’artistes haïtiens retraçant l’histoire de leur île dorment dans les réserves du musée, qui en a la gestion. Elles ont été données à la Communauté de communes du Grand Pontarlier en hommage à Toussaint Louverture, grande figure de l’abolition de l’esclavage, mort en captivité au Château de Joux le 7 avril 1803. Elles avaient été commandées à l’occasion de la commémoration, à Paris, des 500 ans de la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492, qui débarqua en réalité aux Caraïbes et à Haïti plus précisément. Malheureusement, depuis ce don, seules quelques œuvres ont été exposées à deux reprises et l’on persiste à vouloir les exposer au Château de Joux, dans des locaux dont on ne sait toujours pas s’ils pourront satisfaire aux exigences de température et d’hygrométrie indispensables à leur bonne conservation ni s’ils pourront être accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Il y a pire situation de conservation. En effet, sont « stockés » dans le clocher de Saint-Bénigne, depuis la rénovation de l’église en 1970 (il y a cinquante ans !) dix portraits en pied de Saints, grand format… aujourd’hui « protégés » par les fientes de pigeons… Sans être des œuvres d’un grand intérêt esthétique, ces tableaux du XIXe siècle témoignent d’une période importante de l’histoire religieuse de notre région et ne méritent sûrement pas d’être ainsi négligées.
Mentionnons aussi, sans exhaustivité, :
— la bibliothèque de Xavier Marmier : 6 000 ouvrages, dont certains rares, confiés aux bons soins de la médiathèque qui, dans les conditions actuelles de son installation, ne peut pas en assurer la mise en valeur.
— les collections de photographies de Joseph et Paul Stainacre (probablement 51 000 œuvres), en dépôt au musée dans leurs boîtes d’origine, mais dans un état de conservation critique. Beaucoup sont des témoignages irremplaçables de la vie quotidienne à Pontarlier pendant près des deux tiers du XXe siècle. Elles pourraient être rejointes par d’autres collections de photographes pontissaliens (Gigandet, Mignot, etc.) et notamment par celle de Jean Uzzeni.
les collections d’archéologie, exposées pour partie au sous-sol du musée, révélant une présence humaine sur notre territoire remontant dix mille ans en arrière (peut-être plus) restent propriétés du Service régional de l’archéologie de Bourgogne – Franche-Comté. Certaines pièces issues de fouilles dans la région de Pontarlier sont au musée de Besançon, faute de place dans notre ville. Où iront les résultats des fouilles actuelles aux Gravilliers, d’un intérêt majeur pour la période mérovingienne, si nous ne proposons aucune solution viable dans ce domaine ?

De même que l’on a voulu lier le destin de la médiathèque à celui de la Maison Chevalier, on a couplé l’avenir du musée de Pontarlier à la restructuration de l’activité au Château de Joux, ce qui en fait de parfaits symboles de l’immobilisme de la « politique culturelle » de la Ville de Pontarlier depuis 20 ans.

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1.2 – Les interventions directes de la Ville de Pontarlier en matière culturelle

La programmation théâtrale « les Scènes du Haut-Doubs », une exposition « carte blanche » à un artiste et un concert annuel gratuit, « Les Estivales » : voilà l’essentiel de l’action directe de la Ville. Quelques mises à niveau d’équipements relèvent surtout d’un entretien normal, mais sont néanmoins souvent incomplètes. L’ajout de matériel d’éclairage et de son à la salle Pourny profite surtout aux entreprises de spectacles (les « tourneurs »), à qui on persiste à faire un tarif de location « attractif » (moins de 1 700 € pour une capacité de 1 150 à 2 800 spectateurs) (1). Quant à l’équipement du théâtre du Lavoir, il est insuffisant, notamment en matière d’acoustique, inconfortable pour le chant (absence de réverbération) et pour la cabine technique. Enfin, la salle Toussaint Louverture et la salle des Capucins ont elles aussi une acoustique déplorable et le système de vidéo-projection de la salle Morand est totalement inadapté… Il s’agit pourtant là de lieux très largement utilisés par les associations pontissaliennes (tout du moins si la gratuité de leur utilisation voulait bien subsister) !

(1) Chiffres fournis par le site internet de la Ville.

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1.1 – Une dynamique associative mal aimée

L’intense vie associative pontissalienne est souvent vantée, à juste titre. Il n’est d’ailleurs pas aisé de faire le recensement (1) des associations agissant dans les domaines les plus variés, surtout parce qu’elles ne se font pas toutes connaître des services municipaux.
Particulièrement visible dans les domaines du sport et de la culture, ce dynamisme se retrouve aussi dans les activités sociales, caritatives, humanitaires et de loisirs. Si cela témoigne, malgré l’individualisme ambiant, d’un esprit collectif toujours vivant, cela tient aussi particulièrement à Pontarlier et à une longue tradition de soutien de la Ville grâce à la mise à disposition gratuite de locaux et à l’attribution de subventions. Il faut par exemple saluer la création de la Maison des associations au parc des Ouillons, même si cela ne règle pas toutes les problématiques d’hébergement des associations, notamment concernant celles « logées » aux Casernes Marguet et dans l’ancien Centre sportif municipal (anciennes tanneries Lagier). Or, cette tradition a été récemment mise à mal.

De 2014 à 2018, le budget global des subventions aux associations (hors celles versées par le CCAS) a diminué de près de 5 % (2). Qui plus est, on avait pris l’habitude de voter tous les ans des tarifs de location pour les salles de réunion et de spectacles, mais sans les appliquer ! Les élus du groupe « Pontarlier-Écologie » ont d’ailleurs toujours refusé de les voter, arguant que si on ne les appliquait pas, il était inutile de les voter, à moins que… l’on ait l’idée de les faire appliquer un jour ! Ceci s’est produit en 2015 lorsque, les dotations de l’État au budget général de la Ville étant en forte baisse, il s’est agi de rechercher toutes les sources d’économie et de gain possibles. À la commission Culture on a appris que le recouvrement de ces locations rapporterait une somme conséquente : entre 300 000 et 500 000 € par an. Un vrai gisement ! Il ne fut pas difficile de démontrer que le paiement effectif des locations de salles se traduirait certainement par une baisse sensible de leur utilisation. Ainsi, non seulement on ne récupèrerait pas les sommes attendues, mais l’on affaiblirait l’activité des associations. Il fut alors convenu que les petites salles de réunion resteraient gratuites et que les autres le seraient également pour une première occupation annuelle, payantes ensuite. Malgré tout, pour entériner ce principe de tarification, on l’enveloppa dans la « refonte » de la charte de la vie associative. En 2016, après de très, très nombreuses heures de travail au service Vie associative, où l’on avait pourtant bien d’autres choses plus utiles à faire, on édita un document de belle qualité graphique, du genre « dossier » contenant le texte de la charte, à signer par les associations. Dans une partie « à rabats » figuraient 10 fiches pratiques destinées à fournir des informations sur le bon fonctionnement des associations, ce que leurs responsables savaient déjà pour l’essentiel. Depuis, on n’en entend plus parler. Mais l’essentiel est là : tout à la fin du document, une dernière fiche n°10 présente les « conditions tarifaires » d’utilisation des salles. Le principe en étant désormais acté, il ne resterait plus qu’à faire évoluer les montants ! Baisser les subventions et en récupérer une partie en louant les salles, est-ce bien le meilleur moyen de soutenir le dynamisme associatif ? Nous n’insisterons pas sur l’affirmation maintes fois entendue selon laquelle, pour justifier cette charte, il conviendrait de « responsabiliser » les présidents d’associations…

(1) Pour la seule période de 2014 à 2019, ce sont près de 160 nouvelles associations domiciliées à Pontarlier qui se sont enregistrées à la Sous-Préfecture.
(2) 1 118 305 € en 2014, 1 017 423 € en 2018, soit une baisse d’un peu plus de 100 000 € selon les comptes administratifs de la Ville.

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