Rencontres autour de l’aide à domicile
Le 26 mars 2021, le collectif national « La force invisible des aides à domicile » s’arrête à Pontarlier. L’association Haut-Doubs Citoyen Écologique et Solidaire les a rencontré dans un local de citoyen-nes engagés, la Ville n’ayant pu les accueillir.
C’est quoi ce collectif ?
Ce collectif national est composé de groupes de travail régionaux. L’objectif de ces femmes courageuses, pleines de bon sens et fières de leur profession est de parcourir la France pour devenir VISIBLES en communiquant sur leur métier (essentiellement féminin). Regroupées sous la dénomination « Services à la personne », elles travaillent dans les mêmes conditions de travail à domicile, qu’elles soient aides à domicile, auxiliaires de vie sociale, assistantes de vie, auxiliaires familiale.
Comment accède-t-on à ces métiers ?
Le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social (DEAES), de niveau CAP, est le premier niveau de qualification des métiers de l’aide à domicile. Ce nouveau diplôme remplace, depuis 2016, le diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale (DEAVS) et le diplôme d’État d’aide médico-psycologique (DEAMP). Après quelques années d’expériences et une formation professionnelle, l’aide à domicile ou auxiliaire de vie peut devenir technicienne d’intervention sociale et familiale (TISF), aide médico-psychologique, aide-soignante.
Quelles sont les nuances entre auxiliaire de vie et auxiliaire de vie sociale ?
L’auxiliaire de vie apporte son aide aux personnes fragilisées, dépendantes, ayant des difficultés passagères dues à l’âge, à une maladie, à un handicap ou à des difficultés sociales. Elle les aide au quotidien lors d’un maintien à domicile. Sans cette aide extérieure, cette patientèle serait en institution.
L’auxiliaire de vie sociale (AVS) apporte son aide aux personnes malades, handicapées ou fragilisées, très dépendantes pour accomplir les actes de la vie ordinaire. Les personnes âgées sont parfois également aidées par leurs enfants, d’autres fois non. En général, l’AVS n’intervient que quelques heures par jour, aux moments nécessaires. Par sa présence régulière, elle apporte soutien et réconfort et favorise le maintien des capacités cognitives et une certaine vie sociale. Ses modalités d’intervention sont décidées au cas par cas, lors de l’élaboration du projet individualisé et en fonction du degré de dépendance de la personne aidée. Plus concrètement, ça veut dire quoi être AVS ?
L’AVS est présente pour faciliter le lever, le coucher, la toilette, les soins d’hygiène (à l’exclusion des soins infirmiers). Elle apporte aussi son soutien au moment de l’appareillage des personnes handicapées.
Au quotidien, elle assure également la préparation et la prise des repas, les travaux ménagers ou encore l’entretien du linge. Elle prend aussi parfois en charge les démarches administratives, les sorties, les courses seule ou accompagnée de la personne, aide les enfants à prendre leurs repas, les conduire à l’école, propose des jeux,des lectures à la personne âgée, etc. Outre ces tâches quotidiennes, elle incite la personne aidée à avoir des activités dans la journée pour éviter de rester isolée. Elle peut même l’accompagner lors de sorties culturelles (visiter des expositions, des musées), pour se promener, rencontrer d’autres personnes (ateliers, salons, clubs, etc.)
Quelles sont leurs conditions de travail ?
L’auxiliaire de vie peut devoir travailler très tôt dans la journée (6 h 30) ou très tard (22 h), ainsi que les week-ends et les jours fériés. Elle travaille au sein d’une équipe pluridisciplinaire et est tenue de respecter les décisions prises par le personnel soignant. La plupart des AVS exercent à temps partiel et sont des femmes.
Pour qui travaillent-elles ?
Les auxiliaires de vie sont en majorité employées par des associations regroupées en fédérations : caisses d’allocations familiales, centres communaux d’action sociale, caisses des mutualités sociales agricoles… ou par des communes. Elles peuvent aussi être employées par des particuliers et payées au moyen du Chèque Emploi Service CESU.
Quelles sont les qualités requises pour ce métier ?
Cette profession d’aide à domicile requiert de nombreuses qualités, telles que savoir écouter et être observateur.ice, faire preuve de discrétion et de diplomatie. Une AVS aime le relationnel et s’intéresse aux personnes. Elle est indiscutablement autonome, fait preuve de bon sens et sait intervenir en cas d’urgence. Elle doit aussi faire preuve d’une certaine endurance physique (lourde charge de travail au domicile et en nombre d’interventions) et psychologique (personne aidée et/ou famille à écouter, accompagner). Enfin ce travail nécessite de pouvoir être flexible au vu des horaires de travail segmentés.
Que nous ont dit les femmes de ce collectif…
Ces femmes que nous avons rencontrées nous ont parlé des horaires coupés, des salaires dérisoires. Elles sont généralement seules à traverser des situations à domicile complexes et manquent cruellement d’écoute de la part de leurs employeurs. De plus, elles souffrent de ne pas être suffisamment considérées par leurs concitoyen-nes alors qu’elles s’occupent de nos aînés, de nous demain. Elles ont témoigné ne pas s’être inscrites dans une formation continue faute de temps. Parfois, elles utilisent leur propre véhicule pour leurs déplacements professionnels sans compensation, ce qui aggrave encore leur fragilité financière
Sans ces femmes, le maintien à domicile espéré par la plupart d’entre nous serait impossible.
…il y a quelques mois, durant de nombreuses semaines, des personnes placées en institution ont été mise en quarantaine affective…
De quoi ont-elles besoin pour travailler dignement ?
Exerçant une profession de santé auprès des personnes à domicile, elles veulent apporter des soins de qualité technique et un accompagnement humain. Pour pouvoir faire correctement leur travail, elles réclament…
– la redéfinition de leur statut, la reconnaissance d’exercer une profession de santé qui réunit les différentes appellations du service à domicile ;
– un salaire revalorisé de manière significative et qui doit tenir compte de l’ancienneté et des astreintes ;
– la prime COVID pour toutes quel que soit leur employeur ;
– l’établissement d’une convention collective, une seule et unique, dans laquelle seront définis les frais en lien avec les déplacements, les repos et les astreintes.
Nous avons été touchés par leur force de vie, leur volonté d’offrir le meilleur service à leurs patient-es.
Ensemble prenons soin les uns des autres, pas seulement parce que COVID !
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